Lorsque je parle de la voix, j'ai l'habitude de dire qu'il y a d'un côté l'instrument, c'est-à-dire le corps, et de l'autre côté le musicien, c'est à dire l'esprit, la partie consciente, tout ce qui est mental, mais aussi toute une partie inconsciente.
Et c'est vraiment le même parallèle avec une contrebasse, une trompette ou une batterie.
Il y a vraiment l'instrument physique qui a des caractéristiques.
Si on prend une contrebasse, elle a des caractéristiques : il y a des dimensions, il y a une typologie de bois, il y a une certaine facture de l'instrument.
Pour l'instrument vocal, c'est la même chose. Il y a des caractéristiques physiques.
On pourrait s'amuser si on pouvait à mesurer un individu, à mesurer un autre individu, à mesurer les dimensions de son larynx, de son pharynx, de son résonateur thoracique... Et on verrait que ce sont des caractéristiques différentes qui vont amener forcément un timbre différent.
Mais ensuite, il y a le musicien.
Comment le musicien est-il capable de faire sonner cet instrument ? Et là, encore une fois, c'est vraiment le même parallèle avec un instrument (une trompette, une contrebasse...), une voix ou autre.
Petite anecdote.
À l'époque où je jouais beaucoup de contrebasse, j'ai eu la chance de faire des masterclass avec les plus grands contrebassistes de la planète. Lors d'une de ces masterclass, j'étais venu avec ma contrebasse, qui est une contrebasse d'usine. Ce n'est pas une contrebasse de luthier. Je l'avais amenée déjà quand même deux fois chez un luthier pour qu'il la règle et elle sonnait quand même pas hyper bien selon moi.
Et une année, j'étais dans une masterclass et mon prof, c'était Hein Van de Geyn, un contrebassiste incroyable. Et un jour, Hein Van de Geyn prend ma contrebasse.
Et vous savez quoi ? Eh bien en fait, ma contrebasse, elle sonneait !
Finalement, le problème (si on peut dire que c'est un problème parce que je n'aime pas dire qu'il y a des problèmes) c'était pas trop la contrebasse, c'était le musicien. Parce que quand elle était dans les bras de Hein Van de Geyn, elle sonnait hyper bien.
C'est la même chose avec la voix.
Vous avez votre morphologie, vous avez les caractéristiques de votre instrument. Maintenant, vous, en tant que musicien de votre instrument vocal, comment vous le faites sonner, comment vous êtes capable d'aller ouvrir au maximum vos résonateurs pour avoir une voix la plus profonde, la plus puissante possible, sans la fatiguer ? Comment vous vous autorisez aussi à aller chercher des sons plus graves, des sons plus aigus ?
Aller chercher aussi de la puissance parce que souvent, c'est le mental qui va limiter la puissance vocale.
En fait, je crois que vraiment que ce qui est intéressant dans le travail vocal, ce n'est pas de vouloir changer les caractéristiques de votre instrument (parce que ça, vous ne pouvez pas, vous avez le larynx que vous avez avec les dimensions qu'il a), mais c'est d'aller bosser le musicien comme, en fait, je l'ai fait au fur et à mesure avec ma contrebasse (même si bien sûr je n'ai jamais atteint le niveau de Hein Van de Geyn). Je me suis rendu compte que, au plus je travaille ma contrebasse, finalement, au mieux elle sonnait.
Alors du coup, je vous propose, bien sûr tranquillement, mais de la façon la plus régulière, sans vous mettre la pression, en ayant conscience de comment vous jouer, de continuer à faire évoluer votre capacité de musicien vocal.
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